Avec leur carte des tiques en France, ces chercheuses offrent un outil précieux aux pouvoirs publics, professionnels et citoyens.
En France métropolitaine, environ 15 % des tiques sont porteuses de la bactérie Borrelia qui est responsable de la maladie le Lyme.C’est la raison pour laquelle il est primordial de rester très vigilantlors de vos activités en plein air.Afin demettre en garde les pouvoirs publics, les professionnels ainsi que les citoyens, Magalie René-Martellet, Isabelle Lebert et Karine Chalvet-Monfra, membres del’Institut national d’enseignement supérieur et de recherche en alimentation, santé animale, sciences agronomiques et de l’environnement, ont publié une première carte météorologique des tiques sur le territoire. Lumière sur cet outil précieux.
“Nous offrons avant tout une méthode”
La présence et l’abondance des tiques Ixodes ricinus, qui n’est autre que l’espèce vectrice des agents de la maladie de Lyme en France, sont conditionnées par plusieurs facteurs. Magalie René-Martellet, Isabelle Lebert et Karine Chalvet-Monfray en ont sélectionné quatre parmi les plus importants et les plus riches en données:
Le climat : les tiques Ixodes ricinussupportent mal les environnements secs.
La nature du sol : les tiques se développent principalement dans les milieux forestiers et autres environnements végétalisés propices à l’humidité. Les zones urbaines strictes, les aéroports, surfaces sableuses ou roches à nu ne sont pas favorables à leur multiplication.
La présence et l’abondance d’hôtes nourriciers : les tiques se nourrissent sur une grande diversité d’hôtes et le repas de sang est indispensable à la poursuite de leur cycle de vie. Les données de l’Office Français de la Biodiversité (OFB) et de la Fédération Nationale des chasseurs ont démontré que plus le nombre d’ongulés (notamment de chevreuils) est important, plus il y a de risque d’avoir de développement de fortes populations de tiques.
L’altitude : plusieurs études ont montré que la densité de tiques diminuait avec l’altitude.
Une fois ces critères établis, les chercheuses ont attribué un score à chaque niveau de facteurs en fonction de son caractère plus ou moins favorable à la présence de tiques. Le travail de Magalie René-Martellet, Isabelle Lebert et Karine Chalvet-Monfray vise à offrir “une méthode”, :
“À l’avenir, cette méthode pourrait être utilisée pour créer des cartes à une échelle plus fine (département, commune, sous réserve que nous ayons des données fiables à cette échelle) voire produire des scénarios futurs en fonction du changement climatique.”
Mais concrètement, à qui cette première carte est-elle destinée ? “Elle est surtout destinée aux politiques publiques pour montrer que la France est un territoire particulièrement propice à la multiplication des tiques Ixodes ricinus mais aussi les aider à orienter et à cibler leurs messages de vigilances dans les territoires les plus à risque d’exposition.” Mais ce n’est pas tout, pour les chercheuses, la carte peut aussi s’avérer utile aux professionnels ainsi qu’aux citoyens qui ont des activités de plein air (randonnées, course à pied, cueillette de champignons…).
Carte des habitats favorables à la tique Ixodes ricinus
Cette carte montre que la grande majorité du territoire offre des conditions favorables à la multiplication des tiques Ixodes ricinusavec toutefois des différences entre régions. À noter qu’au sein de zones peu ou moyennement favorables, on peut trouver des zones très favorables qui n’apparaissent pas à cette échelle.
Vert foncé : habitats non favorables ou peu favorables.
Du vert clair vers l’orange : habitats progressivement plus favorables
Rouge : habitat très favorable à la tique Ixodes ricinus. Cela indique que les 4 facteurs pris en compte dans cette carte (climat, occupation du sol, densité d’ongulés sauvages, altitude) sont chacun à un niveau très favorable à la multiplication de la tique (exemple : climat non méditerranéen, forêt de feuillus, forte densité d’ongulés sauvages ou altitude inférieure à 1 000 mètres).
À noter que le pic d’activité de la tique Ixodes ricinus est généralement au printemps avec, dans certaines régions, un deuxième pic automnal. Toutefois, l’étude de Karine Chalvet-Monfray a montré que le pic d’activité peut être décalé plus tôt ou plus tard dans la saison en fonction des régions. Précisons aussi qu’en France, il existe d’autres espèces de tiques également susceptibles de transmettre des agents pathogènes à l’être humain (notamment en climat méditerranéen). Les mesures de prévention sont donc indispensables sur l’ensemble du territoire en période d’activité des tiques.
Quid du réchauffement climatique ?
Bien qu’il ne soit pas toujours possible de distinguer ce qui provient du réchauffement climatique de ce qui provient d’autres changements environnementaux (tels que les variations d’abondance d’hôtes), les observations menées par les chercheurs ont révélé, de manière générale, une activité de tiques effondrée en fin d’été et une activité non négligeable et croissante durant l’hiver dans les régions à climat doux.
Pour Magalie René-Martellet, Isabelle Lebert et Karine Chalvet-Monfray, “ceci est tout à fait compatible avec l’effet du changement climatique avec des étés plus chauds et plus secs, ainsi que des hivers plus doux.”
Cette carte est donc un outil précieux pour se protéger de ces indésirables. Pour aller plus loin, découvrez notre témoignage d’Azel Revel, une jeune femme qui se bat pour que la maladie de Lyme soit mieux reconnue et prise en charge.
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